Tous les mois Zeina Saleh Kayali, fondatrice et directrice de la collection Figures musicales du Liban aux Editions Geuthner, fait pour l’Agenda culturel le portrait d’un compositeur libanais. Qu’ils soient décédés en ayant jeté les bases de la musique savante libanaise, qu’ils soient vivants au Liban ou à l’étranger, ces créateurs souvent méconnus, portent haut les couleurs de notre cher petit pays par le biais de leurs musiques et méritent, pour le moins, un coup de projecteur.
Zad Moultaka est un artiste complet. En pleine possession de ses moyens artistiques, il ne cesse d’avancer, d’évoluer, de se renouveler. D’interprète, il devient compositeur puis plasticien, sans jamais abandonner la création musicale. Chaque fois qu’il aborde un art, il veut le pousser le plus loin possible.
Jusqu’où ira-t-il ?
Né le 4 juin 1967 à Beyrouth, Zad Moultaka est issu d’une famille où l’art est une raison de vivre. Ses deux parents, Latifé et Antoine Moultaka ont été les artisans de la naissance théâtrale libanaise dans les années 1960-1970. Extrêmement mélomanes, leurs pièces de théâtre sont souvent accompagnées d’œuvres musicales du grand répertoire, notamment Mozart et Beethoven.
Le jeune Zad se met au piano dès la plus tendre enfance et montre aussitôt des dispositions étonnantes pour la musique. Alors qu’il n’a pas 20 ans et que son cursus musical a été plus que chaotique à cause de la guerre du Liban, il est admis sur concours au redoutable conservatoire supérieur de musique de Paris. Sa carrière semble toute tracée, il sera un grand pianiste. Tout le démontre et il commence déjà à être invité à se produire sur les scènes européennes les plus prestigieuses.
Mais les choses ne sont pas si simples et l’artiste ressent une angoisse profonde avant chaque concert. L’appel de la composition, de la création, se fait de plus en plus pressant dans son esprit et dans son coeur. Il ne peut se contenter d’être interprète et, à l’aube d’une carrière de pianiste en voie de devenir internationale, il abandonne tout et décide de se consacrer exclusivement à la création musicale.
Commence alors pour Zad Moultaka un parcours fascinant. En quelques années, il s’impose en France et en Europe comme un compositeur essentiel qui s’empare de la tradition, la déconstruit afin de mieux la reconstruire, dans un langage musical qui n’appartient qu’à lui. Depuis son départ du Liban, Zad Moultaka se sent ballotté entre deux cultures et son évolution musicale a été forgée par cette dualité. Le fait d’avoir grandi dans une ville divisée est certainement un facteur de ce dédoublement permanent qui hante le compositeur. Tiraillé entre deux mondes, il le devient également entre deux sons qui peuvent être contradictoires et complémentaires en même temps.
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