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Andreas Mavrommatis, le Zeus de la cuisine hellénique à Paris

MAG

07/07/2025|Noha BAZ

Paris - Juillet 2025


Il vous accueille à l’entrée du restaurant, affable et souriant comme à son habitude… Entre un verre de Metaxa et une brioche Tsoureki joliment tressée et parfumée de lentisque. L’œil espiègle et pétillant, il déroule son histoire, devenue légende dans Paris…
Vous avez beau la connaître par cœur, elle vous transporte à chaque fois.
Andreas Mavrommatis est à l’image de sa cuisine : charismatique et généreux.

À travers les voilages, une douce lumière enveloppe un décor sobre de bois clair. L’ensemble est d’une élégance apaisante. Tout y est simple et juste. Sur les étagères, de belles photos de famille font écho à l’histoire.


Arrivé à Paris en 1977, inscrit à la Sorbonne pour y effectuer des études de psychologie et sociologie, Andreas Mavrommatis, l’aîné de la fratrie, a mille francs en poche. Étudiant à Jussieu, il n’hésite pas, pour assurer ses frais quotidiens, à faire la plonge puis à s’occuper du service en salle dans un restaurant grec de la rue Mouffetard, « qui ne faisait pas de la grande cuisine, mais a été pour moi une première expérience qui m’a permis de me familiariser avec le produit. »
« Après plusieurs passages dans différents restaurants grecs du quartier latin, le jeune étudiant que j’étais réalise qu’il a envie d’être cuisinier, avec un objectif surtout : rehausser un peu le niveau de la gastronomie grecque, traditionnellement connue en France. »

De ses premières années parisiennes, Andreas garde le souvenir d’une France accueillante et généreuse, qui lui a ouvert les bras et qui lui offre jusqu’à aujourd’hui tous les moyens pour réussir.

« Avec mes frères et sœurs, nous étions fiers de nos racines et de l’amour de cette terre que nos parents se sont efforcés de nous transmettre. Nous voulions tout simplement la mettre en valeur, et nous l’avons fait dans un esprit de famille qui a joué un rôle très important dans notre réussite. »
Le regard ému, plongé dans ses souvenirs, Andreas enchaîne :
« Dans mon village chypriote, niché à 900 m d’altitude, nous vivions, enfants, un peu en autarcie. La terre y est rude, le climat très sec. Ma mère, en plus de s’occuper de ses sept enfants, cultivait les légumes et les fruits qui nous nourrissaient ; mon père s’occupait des salaisons tirées du porc engraissé chaque année. Nous mangions des produits simples et délicieux. C’est de là que vient ma quête du goût, qui est aujourd’hui toujours prioritaire dans mon travail. J’ai toujours voulu créer une osmose entre le goût et la saveur de nos produits et les techniques françaises de cuisson, de présentation et d’équilibre. Lors de mes voyages à Chypre, où vit toujours notre mère, je cherche sans cesse des petits producteurs locaux pour approvisionner nos restaurants : c’est essentiel pour moi. »


C’est donc votre maman, Thessalia, votre principale inspiratrice ?

« Oui, bien sûr ! La regarder travailler, observer ses gestes en cuisine m’a beaucoup inspiré au début de mon aventure, mais je m’inspire aujourd’hui de tout : de mes lectures, des livres de cuisine que je lis et beaucoup de mes voyages… »


Pouvez-vous nous décrire votre parcours en quelques mots ?

« J’ai fait mes classes à l’école Lenôtre et me suis perfectionné ensuite en multipliant les stages auprès de grands chefs français comme Christophe Bacquier, Gabrielle Bisquer… Mais je n’avais aucun modèle pour la gastronomie grecque. Tout était à faire, en fait, et c’était cela le pari le plus important à relever pour moi. La cuisine hellénique possède une diversité que l’on ne peut pas soupçonner à première vue : les gens pensent que l’on se nourrit de feta et de quelques souvlakis (grillades), que nous n’avons pas de plats traditionnels typiques, et pourtant, Dieu sait si la palette des saveurs est large et diversifiée. Les plats sont complètement différents quand vous êtes à Chypre ou dans le nord de la Grèce. »

C’est en 1981 qu’Andreas va ouvrir, avec ses deux frères Evagoras et Dionysos, une boutique traiteur dans ce 5ᵉ arrondissement qui a bercé ses rêves et ses premiers pas en cuisine. Il lance ensuite, à quelques mètres, son bistrot, Les Délices d’Aphrodite, qui ressemble à une taverne comme on peut en trouver du côté d’Athènes ou de Limassol.
L’ouverture, en 1993, du restaurant gastronomique Le Mavrommatis, comme on l’appelle à Paris, va consacrer le talent d’Andreas, et l’obtention de la première étoile Michelin, en 2018, signe son excellence. Devenu depuis référence en matière de cuisine hellénique en France, il offre « le meilleur des produits issus des terroirs grecs aux techniques de la cuisine française ».


Vous venez de recevoir, il y a quelques mois, une distinction suprême : le prix de la gastronomie, remis à Athènes par la présidente de la République hellène en personne, Ekateríni Sakellaropoúlou. Et Le Mavrommatis est devenu, par ailleurs, le rendez-vous incontournable de la cuisine hellénique parisienne, du monde des arts et de la culture, mais également des politiques et des sportifs. C’est votre fierté, quelque part, aujourd’hui ?

Costa Gavras, Tom Hanks, Plantu, les présidents Hollande et Macron, Zinedine Zidane, Danièle Mitterrand, Jean d’Ormesson… Nous sommes très fiers, à chaque fois, de recevoir, bien sûr, des personnalités comme vous l’avez cité, mais le plus fidèle entre tous restera Georges Moustaki. C’est lui qui a dessiné les logos des Délices d’Aphrodite et du Mavromatis, ainsi que les assiettes.


Le Mavrommatis, comme il est surnommé à Paris, est également pour moi un sanctuaire des traditions de cette Méditerranée levantine que nous partageons, Andreas et moi. Pour célébrer avec lui, à quelques semaines des nôtres, les fêtes de la Pâque orthodoxe, nous le retrouvons, avec quelques privilégiés, rue Daubenton, dans une ambiance quasi mystique… L’enchantement est à chaque fois au rendez-vous, témoin de sa belle histoire, et me fait dire, à chaque fois aussi, que « si le Christ avait connu Andreas Mavrommatis, il aurait ressuscité deux fois ! »

Ambassadeurs malgré eux de la cuisine de leur enfance, les fils de Thessalia Mavrommatis ont bâti, en quelques décennies, un empire florissant, orchestré par Andreas, mais dans lequel chacun d’eux joue sa partition.

Le paquebot, synonyme d’un art de vivre certain, compte aujourd’hui cinq restaurants à Paris et onze boutiques traiteurs, réparties entre Paris, Strasbourg, Marseille et Nice.
La toute nouvelle enseigne vient d’être inaugurée, il y a quelques jours, au 260, rue du Faubourg Saint-Honoré, offrant un feu d’artifice de couleurs et de saveurs, avec un magnifique service traiteur, une épicerie fine, un espace de restauration et une cave à vin.
L’ivresse assurée des papilles… et du cœur !

Kalos irthate – Bienvenue
Stin iyia sas – À votre santé !


LE MAVROMMATIS
42, rue Daubenton – 75005 Paris
01 43 31 17 17
https://www.mavrommatis.com

260, rue du Faubourg Saint-Honoré – 75008 Paris
01 86 90 20 88
@maisonmavrommatis

 

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