La jeunesse porte en elle un sentiment d’éternité, l’avenir est lointain, les horizons vastes, les malheurs n’arrivent qu’aux autres. Le temps ? Quoi ? On n’y pense guère, la vie devant soi c’est l’infini. Rien ne presse. C’est la splendide légèreté de l’être, l’insouciance, la douceur de vivre, le bien-être que rien ne peut troubler. La force de l’âge est génératrice dit-on de vigueur et d’espoir, en pleine possession de nos facultés, la fraîcheur et la beauté sont à leur paroxysme, rien de mal ne peut nous arriver.
À la fleur de l’âge, feux follets que nous sommes, vivaces, insaisissables, animés de mille projets, pour nous la vie se croque à pleines dents. On se dit qu'à vingt ans on est les rois du monde, et qu'éternellement il y aura dans nos yeux, tout le ciel bleu, si bien dit, Françoise Hardy.
C'est l’époque où les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais. D’ailleurs, en est-on seulement conscient de ces folies ? Pas sûr. La jeunesse n’est-elle pas la plus belle des fêtes ? C’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. Si jeunesse savait…
L’âge adulte est un tourbillon dans le monde de la connaissance, de la productivité et de l’accomplissement. C’est la période des rêves réalisés, des actes manqués, des projets réussis ou abandonnés, c’est la pleine vie et la vie pleine.
Plus tôt que tard, le printemps de l’âge est derrière soi. À la soixantaine, on n’a pas vu le temps passer. Hier encore… Et l’automne de la vie n’est pas le même que son printemps. Différent, autre, ce temps devenu limité, compté, court, où la vie semble se dérouler plus vite. Les premières défaillances corporelles s’imposent comme des indices irréfutables d’une entrée dans un temps qui a une fin, nous sommes des êtres périssables. La jeunesse fout le camp. L’éternité est passée depuis belle lurette aux oubliettes. Si seulement vieillesse pouvait.
Et voici venir déjà l’hiver de l’existence, l’affaiblissement programmé des organes, les remises en question, la sagesse des ‘anciens’, ce qui n’est pas sans contrecoup nostalgique. Arrive le dessert de la vie, la joie d’être grands-parents de petits bouts de chou.
Au jour du grand départ, que reste-t-il de tout cela ? Les interrogations métaphysiques butent encore et toujours. Il n'y a pas de roses sans épines. La vie est un mystère qu’il faut vivre dans ce temps qui a toujours eu le dernier mot. Et l’on sait désormais qu’une vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut une vie.
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