L’avion décolle à 7 heures.
Faut se lever avec les poules.
Chambarder le train-train quotidien durant 4 jours.
Faire la valise. Ne pas oublier chargeurs, rasoir, passeports et autres bidules nécessaires à la survie.
Courir à l’aéroport, faire le comptoir, passer au scanner, enlever sa ceinture, écouter les directives désagréables.
Ne rien oublier, ne rien perdre, se mettre en ‘travel mode’, état d’alerte élevé.
Ça s'appelle voyager ...
J’arrive à l’aéroport avec l'humeur désagréable.
Qui aperçois-je ?
Se dirigeant vers moi, un gars au drôle d’accoutrement, foulard aux petites fleurs bleutées, noué au crâne, T-shirt patagonia couleur orange érodé par les années, espadrilles vert phosphore, lunettes de soleil avec micro-persiennes pour bloquer les rayons latéraux. Sur terre, y’en pas deux comme lui.
C’est Nabil, mon ami; et l’un des 8 copains avec lesquels je voyage...
Soudain les contrariétés s’évaporent ; passeports, scanners et réveils matin. Un sourire illumine mon visage.
Nabil me donne des instructions, me pose des colles, me fait la leçon et me harcèle... C’est bien lui !
L’insupportable, irremplaçable, indispensable ami.
Au milieu de l’aérogare, nous sommes heureux et honorés d’être réunis.
À travers son sarcasme et son insupportabilité, il me fait éclater de rire et tourne ma grogne en joie.
Chaque commentaire, chaque échange me fait rire aux éclats.
Nous envoyons des vidéos aux autres qui, en fin limiers, sont passé par le VIP lounge pour éviter la foule. Qui n’existait pas.
Je réalise tout à coup qu’on va passer du bon temps.
On s’était éloignés les uns des autres ces derniers temps.
Nabil brandit la mallette de backgammon, l’ouvre sur la table, et court nous apporter 2 cafés américains.
Nous commençons à jouer. Surtout pas de temps à perdre.
Il faut jouer ...
Et c’est parti.
Le voyage a commencé.
Entre Nabil et moi c'est une relation ‘roller coaster’.
Il me pique, m’énerve, m’explose, et me fait rire aux larmes.
C’est le courant alternatif de l’amitié.
Les copains nous retrouvent.
Avec leurs tronches et leurs tics nerveux.
Chacun et ses détails hilarants.
Y’a Bouli et son sac-à-dos des mille et une nuits.
On y trouve des cure-dents, des sprays anti-moustique, une pharmacie, une mini-stéréo, un parapluie.
Jako l'humaniste, interroge le porteur chiite sur les mœurs de sa communauté, lui précisant au passage que lui-même, Jako, a connu une fois un chiite sympa. Scoop ! Le porteur est ravi de savoir. Il devient le confident de Jako pendant les 3 minutes qui suivent.
Maz est au téléphone. Lui, c’est le control-freak.
Quelques détails à régler, et il sera à nous. C’est juste cette Clause B du Fascicule 2a du dernier contrat qui l’embête qu’il doit absolument arranger.
Entretemps, nous autres, notre esprit plane déjà dans les Cyclades...
Nous finirons bien par l’extraire de son bizness...
Miko est Suisse.
Suisse-Libanais, si ça se peut ...
Suisse toujours jovial et amusé par ses copains arabes
Miko est bien dans sa vie, bien dans sa peau, bien dans ses habits. En deux mots, Miko est bien né... Comme le blond de Gad el Maleh. Un Suisse quoi. Mais Libanais.
Allez comprendre ...
Nous sommes 6, déjà dans l’avion.
Direction Athènes, puis Mykonos.
On décolle. On atterrit. Une fois, deux fois...
Arrivée à Mykonos.
Notre élégant hôte, le grand Mir, a tout prévu. Pancartes à l’arrivée, vans qui nous transportent directement au ‘Nammos’, le 'Voile Rouge' de l'île mondaine.
Nous arrivons.
Décor féerique, mer, sable, musique et femmes déchaînées.
Les bagagistes nous débagagent.
Je garde sur moi un gros cigare. Pour taquiner Miko.
Entrée victorieuse au Nammos.
Le grand Mir et le délicieux Eddé nous accueillent à une table royale, comme il se doit.
Les uns sautent dans les bras des autres.
Retrouvailles, embrassades, rires à gogo.
C'est le bonheur.
Ouzo et tarama, musique et ambiance de tonnerre.
Les cœurs battent, on lève les verres et on trinque à tout ce qui bouge.
Le paradis, ce n’est pas bien plus que ça ...
Jako s’excite, Il fonce vers les nymphes déchaînées, monte sur leur table et exécute son ‘karaté-dance’.
Le Nammos s’enflamme.
À table nous ingurgitons 100,000 calories, et avec assurance.
Je taquine Miko avec mon cigare. Il court à sa valise.
Eddé lui, guette les lieux, scrute les horizons.
En silence, il observe les belles cambrures...
Un vrai romantique. Toujours prêt à la chasse...
Il dit au Mir ; « ça va patron » ?
Il me lance un regard de martien en écoutant l’analyse philosophique de Jako.
J’éclate de rire.
Le déjeuner terminé, le « Sometimes » nous attend au quai, juste ici ... Faut être Mir pour le faire ...
Athanassiou le marin, reçoit les instructions de son patron.
Patron décide. Le bateau accoste. Nous embarquons.
Le backgammon commence ; " J’aime j’aime pas, à dix dollars le point !! " lance Nabayl. Je rouspète, comme d'hab. "Trop cher !"
Il ne manque plus qu’un seul luron.
Et pas un des moindres.
C’est le petit grand Richa.
Qui a traversé l’Atlantique, le Pacifique et l’Océan Indien pour venir nous retrouver.
Il surgit enfin sur le dock.
On l’embarque.
Embrassades à nouveau. Puis Richa se met à l’aise. Il échange ses précieuses baskettes Berlutti, par de précieuses flip-flops Berlutti aussi, mais à petits clous en caoutchouc.
Mignon, le bougre ...
Nous quittons le port et Le Mir nous emporte...
À travers sa musique il nous installe dans son rêve, et nous comble d'attention.
La Grèce c'est son rêve, la mer c'est sa poésie, et les copains sa musique ...
Notre séjour sur l’île de Tinos se passe sous la pluie, au milieu du vent et du mauvais temps. Pas de maillots pas de baignades, pas de soleil et pas de contact avec le monde extérieur.
L'éclatement est intégral. Du réveil jusqu’au dodo.
Fou-rires interminables, moqueries, amitié et plaisir du jeu.
On joue au poker et au backgammon en boucle.
Moments hauts en couleur.
Pas besoin de la Grèce pour être heureux
Pas besoin de mer de soleil ou de bateau.
Le bonheur a un seul pays ; les amis.