Être née femme en 1926 et devenir à 29 ans docteure en pharmacie élue à la société pharmaceutique du Liban, ne fût pas chose aisée.
Être née femme en 1926 et devenir artiste peintre exposée au Grand Palais à Paris,médaillée par l’Académie internationale de Lutèce et le New York Colisium, accueillie au Musée Sursock, ne fût pas chose aisée.
Oumaya Alieh Soubra l’a fait.
Avec grâce et détermination. Avec légèreté et simplicité. Tout en fondant une famille de 4 enfants, tout en jouant Bach, Mozart et Chopin sur le Pleyel que Youssef, son mari, lui a offert en cadeau de mariage, tout en naviguant dans cette région du monde où la paix se vit en pointillé.
A côté d’Oumaya, vous n’avez qu’un seul désir : parcourir avec elle ces 98 années intenses qu’elle a vécues avec passion. Vous pourriez vous sentir toute petite, tout petit, à côté de cette grande dame qui a surmonté des drames et déplacé des montagnes. Mais non. Elle vous prend la main, elle vous élève. Elle vous inspire. Elle vous montre la beauté se faufiler dans le monde. Elle vous insuffle une énergie vitale.

Oumaya est une source de joie. Dans le monde où tout se choque et s’entrechoque, dans le bruit et le chaos, Oumaya l’artiste fait une pause, choisit un mouvement, un sentiment, un instant, une forme, une lumière, une couleur, une émotion, une pensée, une idée. Dans le bruit du monde, elle fait jaillir des dessins et des peintures pour nous dire : arrête-toi, regarde, écoute.
Oumaya est à l’image de sa peinture. Qui se révèle à vous lentement, en prenant soin de vous laisser le temps de venir à elle. Elle joue sur des différences de perception, entre ce que l’on voit lorsque l’on regarde de près – des points, des petits carrés, des parallélogrammes parfois, des lignes de largeurs différentes, le tout patiemment disposé sur la toile - et ce que l’on découvre si l’on prend le temps de reculer de quelques pas – les traits de couleurs changent lentement – et de reculer encore - ils laissent apparaître des couchers de soleil, des vagues sur le rivage, des gouttes de pluie, des champs de roses à l’infini, une silhouette de femme nue...
Dans la nuit du 25 au 26 janvier de cette année 2024, Oumaya Alieh Soubra a rejoint les belles âmes qui brillent à tout jamais dans le ciel étoilé au-dessus de nos têtes.

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