« Spot on » est une série dédiée aux jeunes talents libanais : chanteurs, danseurs, comédiens et artistes pluriels qui forment la relève de la scène culturelle. À travers chaque portrait, c’est une nouvelle génération qui s’exprime, avec passion et sincérité.
Aujourd’hui, rencontre avec le chanteur Vincent J, dont le dernier morceau, « PMAT » est sorti en juillet 2025. À cette occasion, l’Agenda Culturel l’a interrogé sur son univers en tant qu'artiste, son lien avec le Liban et ses souhaits pour la suite de sa carrière.
Ta dernière chanson, PMAT (abréviation de « Prends-moi avec toi ») évoque la tentation de fuir dans des moments de faiblesse et de vulnérabilité. Qu’est-ce qui t’a inspiré cette chanson ? Et toi, où trouves-tu refuge ?
J’étais avec mon meilleur ami et producteur, Yohan Holchaker, qui me rendait visite à Londres. Il était venu pour qu’on assiste ensemble au concert de Saint-Levant. Le voir sur scène m’a inspiré pour écrire une nouvelle chanson. Je savais quel type de beat je voulais explorer, et Yohan a commencé à jouer quelques accords de guitare… et la mélodie du refrain m’est venue spontanément, avec les mots « Prends-moi avec toi ». Au départ, je ne savais même pas ce que cette phrase signifiait pour moi. Puis j’ai écrit le reste de la chanson d’un seul élan.
À travers ce morceau, j’ai voulu exprimer la tentation de fuir la douleur ou la vulnérabilité en consommant des substances. Mais PMAT, c’est aussi le portrait de mon caractère, celui de quelqu’un qui résiste à cette tentation, même si j’ai parfois l’impression que les substances pourraient m’aider à me sentir mieux. Donc, même si les paroles ont un sens profond, j’ai voulu que la musique évoque ce que pourrait être un voyage euphorique sous influence — pour montrer que, pour moi, la musique est justement ce refuge, ce réconfort. C’est un morceau pour l’été qui – je l’espère – atteindra beaucoup de gens qui se retrouvent dans mes paroles et ma musique.
Tu chantes en arabe, en français et en anglais, parfois dans un même morceau. Est-ce naturel pour toi, ou bien cela relève-t-il d’un choix artistique, d'une référence au multilinguisme du Liban ?
Je répondrai : les deux ! C’est instinctif, pour moi, de mélanger les langues, y compris dans une même phrase. Je trouve cela même plus facile que de ne parler que l’une d’entre elles ! J’ai grandi dans une famille francophone et j’ai suivi ma scolarité en anglais, tout en continuant à apprendre le français, par mes cours mais aussi le théâtre. Je continue de le pratiquer, y compris à l’étranger, pour le parler couramment. Et bien sûr, je parle l’arabe avec mes amis et ma famille. Ce multilinguisme, propre au Liban, j’en ai fait mon mode d’écriture quand j’ai suivi un master en « songwriting » à Londres, en 2023. Mes camarades de classe m’ont encouragé et j’ai tout de suite senti que cette manière d’écrire était celle qui me ressemblait le plus. J’ai sorti ma première chanson trilingue « Ha Nwalle3a » en juillet dernier, qui chante les beautés de ma culture tout en pointant ses défauts.
Et pour la suite, où te vois-tu construire ta carrière ? Au Liban ou ailleurs ?
Pour l’instant, je construis ma carrière à Londres et j’adore la ville, mais je ne m’attacherai jamais à un seul endroit car cela dépend de là où se trouvent les opportunités — ou, comme on dit au Liban, « wen bteftah bi wejna ». Le Liban est toujours ancré dans mon cœur et dans mon âme, et je rêve d’un jour pouvoir réaliser mes rêves d’artiste là-bas. Mais je pense que mon public est à l'étranger, et je suis fier de représenter le Liban et de présenter notre culture à l'international.
A SAVOIR
Instagram : @vincentj_official