La Galerie Terrain Vagh présente Verticalité(e)s, une rencontre entre les encres vibrantes de Nayla Maalouf et les sculptures puissantes de Monica Marinello.

Dressés verticalement, les totems phares de la Galerie Terrain Vagh donnent le ton de l’actuelle exposition. Les encres de Nayla Maalouf sont accrochées aux murs. Il faut s’en approcher, puis y rentrer et s’y laisser conter. Sur le fond noir de la toile telle la matière sombre d’une galaxie, l’artiste trace la chromatique subtilement bicolore de son dessin en faisant ainsi entrer la lumière. Entre les traits fins du pinceau, semblables à une pluie dense d’échardes, astres, hommes, animaux, végétaux, enfin toute une biodiversité suggère l’épanouissement d’une merveilleuse cosmogonie. L’artiste travaille ayant l’impression de composer ses phrasés en faisant naître son monde comme à partir des poussières d’étoiles. La sculpture de Monica Mariniello apporte une dimension supplémentaire à l’ensemble. Telle une déité sylvestre, la tête mi-humaine mi-cervidé au sourire apaisant annonce un monde où bêtes et êtres humains forment une humanimalité rêvée dont l’enracinement et la verticalité font le lien entre culture et nature.  
Ileana Cornea

Verticalité(e)s ?

Née au Liban, Nayla Maalouf a traversé guerres et continents, vivant entre Beyrouth, Londres, Genève, Washington D.C., Libreville et Paris. Son inconscient, nourri d’errances et d’ancrages, lui insuffle l’ur gence de créer. Dans ses œuvres, figures hybrides, végétation exubérante et motifs tribaux émergent spontanément, tissant un monde dans lequel symbolique et imaginaire s’entrelacent. Par le jeu entre ombres et lumières, Nayla suggère le lien entre le haut et le bas, l’animalité et la spiritualité, le terrestre et le cosmique. En écho, Monica Marinello - née à Sienne - modèle des corps et des visages en terre d’une primitivité universelle. Jouant avec le feu et les oxydes métalliques, elle insuffle une dimension archaïque et in temporelle à ses œuvres, qui semblent surgir d’un espace sacré. « L’artiste porte en elle cette conscience aiguë et claire des dégâts que l’humanité dévorante a provo qués dans la nature ». (Marie Deparis-Yafil - extrait de la préface du livre Terredevie, L’œil de la femme à barbe Éditions) Dans cette double verticalité, les œuvres se répondent et interrogent notre rapport au visible et à l’invisible !
Moufida Attig

« Sculpteure intemporelle de corps primordiaux, Monica Mariniello laisse parler les couleurs de la terre, et les arts premiers agissent en elle comme une formidable chirurgie d’âme. Elle anoblit chaque posture, humaine ou animale, restaurant le lien invisible du cosmos, de l’être et de la nature. Elle trouve sa vie dans la matière, scrutant l’essence animée des formes mouvantes et saisissantes. Ses êtres-corps sont des êtres premiers, juste sortis de leur gangue d’origine, et des allures de sérénité sacralisent leur rude présence.
Chez Nayla Maalouf, labyrinthes et entrelacs signent un flux d’une impressionnante énergie. Les signes jetés dans un maelström effervescent fusionnent dans un inextricable habité, et l’œil voyage sans fin dans ces sensibles mandalas verticaux. Çà et là surgissent des traces de corps, des visages, et des hy brides s’entremêlent magiquement, liant sur un même plan l’impensable et le réel. Subtiles et ténues, les couleurs sont paisibles et méditatives. Elles ne heurtent jamais l’étendue, ni le grand rêve qui par court chaque œuvre. »
Christian Noorbergen


Nayla MAALOUF
Artiste franco-libanaise, Nayla Maalouf explore par son tra vail des thèmes universels tels que la dualité de l’humain, la fraternité et l’amour, en interrogeant les liens profonds qui unissent les individus au-delà des frontières. Également sensible aux enjeux de notre époque, elle intègre dans sa démarche une dimension écologique par le upcycling, don nant une nouvelle vie à ce qui tend à être oublié. Cette re valorisation des matériaux s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mémoire et la transmission. Son parcours artistique se nourrit de son ancrage multicul turel, reliant le Liban, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord. Chacune de ces influences alimente son expression picturale - entre abstraction et figuration - dans laquelle la matière et la couleur deviennent le langage de ses ques tionnements et de ses engagements.



Monica MARINIELLO
Née à Sienne en Toscane, Monica Mariniello passe une par tie de son enfance à sillonner la campagne en terre étrusque ; cette civilisation restera pour elle une référence esthétique majeure. Elle étudie le dessin à l’Académie de Florence et entre à l’École Supérieure des Beaux Arts à Paris en 1982. Jusqu’en 1986, elle y enchaînera avec boulimie et enthou siasme les cours de modelage, d’anatomie, de dessin, de soudure, de morphologie... À sa sortie de l’École, le métal prend le dessus dans sa création. De retour d’un voyage dans le sud de l’Inde en 1995, l’idée d’intégrer la terre cuite au métal voit le jour. Puis l’écriture s’invite sur la surface de la glaise, y laissant les traces fragiles de fragments de pensée. Enfin, des têtes font leur apparition avec Teatrum Mundi, une série qui se déploie depuis 2006, dans laquelle une certaine théâtralité accompagnée d’un humour voilé et un peu grinçant se mélange à une recherche d’harmonie et d’équilibre. Depuis longtemps, Monica Mariniello est hantée par la relation homme/animal et considère comme aberrante la suprématie que les humains ont imposée au reste du monde vivant. Leur bêtise, leur avidité, leur cruauté mettent en péril la vie dans sa richesse infinie... alors viennent Les Voyageurs. Avec l’artiste, chaque individu s’agrège au groupe, faisant naître un ensemble dyna mique, la force de la pluralité lui donnant ainsi son entité et son âme. Cette âme visible - qu’elle soit humaine ou animale - habite littéralement la matière de ses œuvres, rendant les regards très présents et la nature de l’être bien visible