Le 3 juin 2025, la Délégation de l’Union européenne au Liban et la Fondation Samir Kassir ont annoncé les résultats de la 20e édition du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse, lors d’une cérémonie organisée dans les jardins du Palais Sursock, à Beyrouth. Créé et financé par l’Union européenne, ce prix est reconnu à l’échelle internationale comme une distinction majeure en matière de liberté de la presse, et comme la récompense journalistique la plus prestigieuse au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Golfe. Depuis 2006, la cérémonie se tient chaque année pour commémorer l’assassinat du journaliste libanais Samir Kassir, le 2 juin 2005 à Beyrouth, et pour célébrer sa vie, ses valeurs et sa mémoire.
Le Prix Samir Kassir est ouvert aux journalistes professionnels originaires de 18 pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Golfe. Cette année, un nombre record de 372 journalistes ont participé au concours, en provenance d’Algérie, d’Égypte, d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Libye, de Palestine, d’Arabie saoudite, de Syrie, de Tunisie et du Yémen. 125 candidats ont concouru dans la catégorie « Article d’opinion », 157 dans la catégorie « Article d’investigation », et 90 dans la catégorie « Reportage audiovisuel d’information ». Le lauréat de chaque catégorie reçoit une récompense de 10 000 €. Chacun des finalistes dans les trois catégories reçoit une récompense de 1 000 €.
Les lauréats du Prix Samir Kassir 2025 sont :
Catégorie Article d’opinion : Badar Salem (Palestine), née en 1980, pour son article intitulé « De la normalisation du sumud à Gaza », publié dans le magazine Romman le 19 juillet 2024. Dans ce texte, Badar critique la glorification du sumud (la résilience), affirmant que cette idéalisation impose aux Palestiniens des attentes irréalistes et masque les traumatismes profonds qu’ils endurent. Elle plaide pour un passage d’une logique de célébration de l’endurance à une reconnaissance du droit à la vulnérabilité, aux soins et à la dignité face à la violence.
Catégorie Article d’investigation : Marina Milad (Égypte), née en 1994, pour son enquête intitulée « Je suis devenue une honte : des Syriennes quittent la prison stigmatisées », publiée sur Masrawy le 25 février 2025. Ce reportage révèle qu’après avoir subi la torture, des viols et la déshumanisation en détention, de nombreuses femmes syriennes se heurtent à une société qui les rejette et les stigmatise, aggravant leur traumatisme au lieu de leur offrir l’empathie et le soutien dont elles ont besoin.
Catégorie Reportage audiovisuel d’information : Khalil Alashavi (Syrie), né en 1983, pour son reportage intitulé « Syrie : des enfants dans une guerre sans fin », produit par Tiny Hands et diffusé le 15 mars 2025. Ce reportage met en lumière la souffrance continue des enfants syriens dans leur pays ravagé par la guerre, et les années d’innocence volées que seul un changement de régime ne saurait réparer.
Lors de la cérémonie, l’ambassadrice de l’Union européenne au Liban, Sandra De Waele, a déclaré : « Depuis 2006, 50 journalistes courageux ont reçu le Prix Samir Kassir. Des journalistes qui, malgré les risques, ont utilisé leur plume pour demander des comptes aux puissants, dénoncer la corruption, et donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Et ils persistent, car, comme Samir, ils croient que la vérité compte et que le public a droit à l’information. Voilà ce que représente le Prix Samir Kassir : plus qu’une reconnaissance de l’excellence, une plateforme qui fait rayonner les récits puissants du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et du Golfe à l’échelle mondiale, qui suscite des débats nécessaires, et qui crée un espace où les journalistes peuvent se soutenir dans leur mission ».
Malek Mrowa, président p.i. de la Fondation Samir Kassir, d’ajouter : « Au cours des deux dernières décennies, notre région a connu des soulèvements, des révolutions, des contre-révolutions, des guerres et des exodes. Les cibles de l’oppression changent sans cesse : une année ce sont les manifestants, l’autre ce sont les femmes revendiquant l’autonomie de leur corps, ou encore les reporters qui osent filmer un barrage. Mais le cœur du combat reste le même : le droit de penser librement, de s’exprimer ouvertement, et de savoir ce qui est fait au nom du citoyen. Ce combat, on le retrouve dans chaque candidature reçue pour le Prix Samir Kassir ».
Un jury indépendant composé de sept membres issus des États membres de la Ligue arabe et de l’Union européenne a sélectionné les lauréats. Le jury de cette année comprenait :
Ali Amar (Maroc), rédacteur en chef de Le Desk, Antoine Haddad (Liban), vice-président de l’Université Saint-Georges de Beyrouth et représentant de la Fondation Samir Kassir au sein du jury, Mina Al-Oraibi (Irak), rédactrice en chef de The National, Jean-Pierre Perrin (France), écrivain politique, Paul Radu (Roumanie), cofondateur du Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), Natalia Sancha (Espagne), journaliste, photographe et experte en communication, et Lina Sinjab (Syrie), correspondante Moyen-Orient de la BBC.
Pour plus d’informations sur l’édition 2025 du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse, les articles et le reportage primés, ainsi que les biographies, textes et reportages de tous les lauréats précédents, veuillez consulter le site : www.samirkassiraward.org
La cérémonie a été retransmise en direct sur la chaîne LBCI et suivie par des milliers de personnes à travers la région via le réseau local de LBCI, ses chaînes satellitaires internationales et les comptes du Prix Samir Kassir sur les réseaux sociaux.
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