Du 15 mai au 13 juin 2025, l’Escape Gallery accueille une exposition singulière de l’artiste libanais Adel Koudaih, figure de la scène artistique contemporaine au Liban et dans le monde arabe. Né à Nabatieh en 1947, Koudaih explore depuis plusieurs décennies les frontières entre tradition et modernité, image et mémoire, abstraction et narration. Intitulée Miniature contemporaine (Contemporary Miniatures), l’exposition réunit une sélection d’œuvres récentes qui réinterprètent l’esthétique des manuscrits anciens. En mêlant héritage et innovation, l’artiste revisite les codes visuels contemporains tout en rendant hommage au patrimoine graphique du passé.
Bien plus qu’un simple exercice de style, la miniature contemporaine devient chez Koudaih un véritable espace critique. En intégrant calligraphie, motifs esthétiques et narration fragmentée, il transforme cette forme en lieu de rupture et de dialogue. À ses yeux, la miniature offre un terrain pour interroger à la fois la densité historique du monde arabe et l’urgence d’une expression libre. Elle s’inscrit ainsi dans une quête de sens et de transmission.
Le choix de cette esthétique puise dans un double héritage : d’une part, celui des traditions arabes — Kalila wa Dimna, Les Mille et Une Nuits, les spirales de l’arabesque — et d’autre part, celui des avant-gardes occidentales. Koudaih voit dans la miniature une manière de subvertir les normes établies pour atteindre des vérités sensibles plus intimes, plus libres.
Ses compositions s’articulent autour de trois structures principales : la ligne d’écriture, la spirale et le regard dit « d’œil d’oiseau » — une perspective surélevée qui rappelle la vision des oiseaux, capables d’embrasser à la fois le détail et l’ensemble. À travers cette approche, Koudaih cherche à tisser un lien entre mémoire individuelle et culture collective.
Mais ses œuvres ne livrent pas de message définis. Au contraire, elles s’ouvrent à l’interprétation personnelle du spectateur, invité à construire son propre dialogue avec l’œuvre de l’artiste. Ce rapport intime entre l’œuvre et celui qui la regarde constitue le cœur de la démarche de Koudaih : un espace où l’art ne transforme pas le monde directement, mais réveille l’esthétique, la pensée et l’espoir.
